mardi 22 octobre 2013

L’analyse coûts-bénéfices…un choix discutable comme mesure d’investissements environnementaux!


            Raufflet affirmait en 2003 que la logique financière, au cœur des modèles comptables, était dénoncée par « la logique écologico-organisationnelle qui l’accuse de maintenir l’entreprise dans une logique limitée, en ce qu’elle considère les problèmes environnementaux essentiellement comme des problèmes techniques d’ingénierie centrés sur les besoins et les performances de la firme. »[1]
        Nous voici donc au cœur de l’une des problématiques de la comptabilité environnementale : un type de coûts devant être internalisé, mais peu d’outils adaptés à cette intégration.  L’analyse coûts-bénéfices traditionnelles de la comptabilité financière, dans sa forme originale, est-elle réellement adaptable à ce domaine spécifique ?  

            
                Plusieurs éléments doivent être mis en relation dans ce débat.  Les conséquences des actions environnementales n’obéissent pas à une relation linéaire simple et certains investissements, à court terme, peuvent compromettre sérieusement la santé financière de l’entreprise, ce qui rend l’application de modèles de calcul standards, comme celui du coûts-bénéfices, très risqué[2].  Dans cette analyse simple, il faut aussi inclure la notion de ‘nature d’entreprise’.  Une variable qui influe grandement sur l’impact des coûts environnementaux.  Les préoccupations environnementales constitueront des opportunités économiques pour un type d’entreprise particulier et un coût perdu pour d’autres, particulièrement pour les entreprises très polluantes.  Il faut également considérer, selon l’entreprise, la pression et la nécessité d’internaliser les coûts environnementaux.  Il s’agira, pour l’une, d’une action nécessaire en raison de normes et des pressions sociétales et, pour l’autre, d’un choix stratégique.  Dans le premier cas, il ne s’agit pas de maximiser la rentabilité en introduisant la variable environnement, mais plutôt de trouver un compromis entre l’obligation et cette nécessité de profitabilité.  

                Il s’agit ici de voir plus loin que les logiques simplistes du ‘win-win’ et du ‘win-loose’ et plus loin que l’application bête et méchante d’outils de calcul linéaire développés pour l’analyse comptable traditionnelle. Le cas par cas est la logique qui semble la plus plausible pour l’analyse des investissements environnementaux.  Une méthodologie qui demande un peu plus de réflexion, d’analyse et de prise de conscience.  

                Et qu’en est-il des outils de gestion des coûts?  Font-ils face à la même problématique que l’analyse coûts-bénéfices?  Sont-ils inadaptés et faussent-ils la mesure des coûts environnementaux?




[1] Raufflet, Emmanuel (2003), Cité par Caron, Marie-Andrée, (2004), Les modèles comptables de développement durable comme modèle d’affaires pour une action mesurée, Les cahiers de la Chaire – collection recherche, UQAM, No. 03, 16 pages.
[2] Boiral, Olivier, Environnement et économie, une relation équivoque, VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 5, no 2, novembre 2004, [page consultée le 2 octobre 2013].

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