Deux problématiques principales sont
attribuables aux coûts environnementaux:
- Les coûts
environnementaux sont simplement additionnés aux frais généraux, ce qui empêche
la traçabilité et un suivi de la réelle consommation par les produits;
- Les
méthodes d’allocations des frais indirects, dont les frais généraux, sont peu
viables et manquent de sophistication.[1][2]
Le
processus de gestion des coûts environnementaux comprend bien entendu l’étape
cruciale d’identification (figure 1[3]).
Une fois cette étape réalisée, l’erreur des
entreprises est d’additionner ces coûts environnementaux aux frais généraux et
de maintenir l’allocation (dans le cas d’une distribution des frais indirects)
jusqu’aux produits de la façon courante, sans réflexion supplémentaire sur la
justesse d’une telle allocation des coûts environnementaux. Plus la portion de ces coûts est élevée par
rapport aux autres frais généraux et plus le biais sera important. Cette allocation biaisée peut pousser les
entreprises à prendre de mauvaises décisions sur les mauvais produits.
L’ABC est, en partie, une solution, selon sa méthode
d’utilisation[4]. La première méthode consiste à distribuer les
coûts environnementaux aux activités, selon leur proportion de consommation,
puis aux produits. L’attribution aux
produits selon leur consommation d’activités augmente la pertinence de la
répartition.
Cette méthode n’est possible que si les frais environnementaux ont d’abord été dissociés des frais généraux. Sans cette première extraction, les coûts environnementaux seront simplement distribués aux activités sur la base de distribution des frais ‘overhead’, ce qui n’apporte rien en terme de constatation de consommation par les produits.
La
deuxième méthode (voir figure méthode 2)
isole les activités s’apparentant aux pratiques environnementales et permet de retracer ces coûts en provenance des autres centres de ressources qui n'étaient, jusqu'alors, pas considérer dans cette optique. De plus, nous pouvons ajouter à la justesse en utilisant un inducteur spécifique à cette nouvelle activité. La distribution des coûts environnementaux ne
se fera dès lors plus sur la base de consommation des activités du processus de
production de l’entreprise (assemblage, découpage, etc), mais sur la base d’un
inducteur plus précis. L’inducteur
‘environnemental’ utilisé pourra se rapporter d’avantage à l’objet de coût
directement et à sa réelle ‘consommation’ de ce type de coûts[5].
Quatre types d’inducteurs sont considérés (Nations Unies, 2001)[6][7] :
- Volume d’émissions ou de déchets (rejets) traités
- Toxicité des émissions ou des déchets (rejets) traités
- Impacts environnementaux des émissions ou déchets (rejets)
- Coûts relatifs aux traitements des émissions ou des déchets (rejets).
Plusieurs exemples d’application sont disponibles, notamment le cas AT&T[8]. L’équipe de travail mise sur pied pour les besoins de la comptabilité verte a d’abord analysé les meilleures pratiques et les processus de l’entreprise, puis recueilli les informations de son équipe de travail. Ils ont ensuite choisi l’utilisation de l’ABC comme outil de distribution des coûts environnementaux qui suivrait les principes suivants
- Where activity based costing (ABC) captures cost elements in process -- we need to add the environmental elements;
- Where activity based management (ABM) uses data to make decision -- we need to add the environmental criteria to the decision models.
La
compagnie Double Envelope a, pour sa part, utilisé la première méthode (voir
figure méthode 1) en retirant des
frais généraux et en isolant au niveau de son Grand Livre (Ressources) ses
coûts énergétiques. Ce poste distinct au
niveau de la production permet l’imputation aux divers centres de coûts et
informe plus précisément sur leur consommation en énergie[9].
Les faiblesses de la méthode
L’ABC
tend à ne considérer que le présent dans son évaluation et distribution des
coûts aux produits. Il ne prend pas en
comptes tous les coûts ‘éventuels’ (voir figure
1) pouvant survenir à un moment ou un autre de la vie du produit. Une possibilité de résolution de cette
faiblesse réside dans l’utilisation superposée de deux méthodes : L’ABC et
la méthode du cycle de vie, la deuxième permettant une vision future en
incluant les coûts ‘éventuels’ et
ceux moins tangibles[10].
Cette faiblesse peut donc être
atténuée par l’association à une deuxième méthode. Cependant d’autres enjeux demeurent. La mise en place d’une comptabilité par
activités est complexe, demande du temps, une analyse et une connaissance poussée
des processus, ce qui signifie des coûts élevés. Cet outil demande aussi la présence d’un
système d’information assez performant qui permettra l’obtention des
statistiques et inducteurs nécessaires.
Bien que cet outil semble très efficace, il faut se question sur la
nature des activités de l’entreprise, sa taille et son besoin réel d’isoler les
coûts environnementaux. Si cet outil
n’était pas déjà au centre de la gestion et distribution des coûts traditionnels,
doit-on réellement chambouler toute l’entreprise en vue d’isoler un type de
coût en particulier? Les modes font
naître parfois des besoins futiles… Ce pourrait bien être le cas ici.
[1] Henri, Jean-François, cours
Gestion des coûts environnementaux, HEC Montréal, 2011
[2] CMA Canada, Outils et techniques de comptabilité
environnementale appliqués aux decisions de gestion, 1999, 31 pages
[3] CMA Canada, Outils et
techniques de comptabilité environnementale appliqués aux decisions de gestion,
1999, 31 pages
[4] Doody, Helenne, La durabilité
environnementale: outils et techniques, CMA Canada, 2010, 82 pages.
[5] Rannou, Clémence & Henri, Jean-François, The
better way to measure, CMA Management, june/july 2010, p.29-32.
[6] Nations Unies, Environmental management
accounting procedures and principles, 2001, New-York, 144 p.
[7] Michaud, Marc-Olivier,
L’Émergence de la comptabilité environnementale: evaluation des pratiques et
des perspectives, Université de Sherbrooke, janvier 2008, 55 pages.
[8] EPA, Environnemental accounting case
studies: green accounting at AT&T, Washington, EPA 742-R-95-003, 60 p.
[9] Doody, Helenne, La durabilité environnementale: outils
et techniques, CMA Canada, 2010, 82 pages.
[10] Kreuze, Jerry G. & Newell, Gale E., ABC and
Life-cycle costing for environmental expenditures, Management accounting,
February 1994, p.38-42
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